#SDL6 – De l’autre côté de l’écran…
Scènes de lit – Etrebil
C’est intriguée que tu plonges dans mon univers. Il est paradoxal d’explorer une vision intime sur une toile anonyme exposée aux yeux de tous.
Une curiosité qui te gêne autant qu’elle t’attire inexorablement. Une façon de te confronter à tes propres fantasmes en t’exposant aux miens.
Voulant le découvrir cela dans les meilleures conditions, tu as attendu d’être tranquillement chez toi. Une rame de métro ne semblant pas adaptée à ce genre de lecture. Toi et ton pyjama, vous vous glissez dans tes draps. L’ombre de la flamme de ta bougie parfumée est alors la seule distraction que peux offrir ta chambre.
Une fois l’oreiller parfaitement calé dans ton dos, tu replis tes jambes pour y poser ta tablette.
Ça y est ! Tu es prête !
L’adresse rapidement saisie, tu fais défiler les histoires jusqu’à en choisir une. Le titre énigmatique te plait sans que tu saches pour autant à quoi t’attendre. La lecture débute…
La première chose qui te déroute est le style, te donnant l’impression que c’est à toi que je m’adresse. Tu t’appropries le Toi et tu t’y identifies aisément. Le Moi te laisse toute la liberté d’y projeter ce que tu désires, personnifié ou sans visage. Tu te rends vite compte qu’en réalité tu oscilles entre les deux.
Le contexte est posé et ton esprit y est plongé. Tu lis les lignes comme lorsque l’on savoure chaque instant d’un ballet séducteur dont on connait déjà l’issue. Le jeu consistant à faire monter la tension jusqu’à la délivrance d’un baiser ou d’un ébat. Tu perçois ce petit nœud en toi comme si tu y étais. A mesure que la lecture avance, ton envie de connaître l’instant où tout bascule se fait plus grande. Ta lèvre inférieure, bloquée inconsciemment entre tes dents, ne le sait que trop bien. Un sourire malicieux et amusé se dessine sur ton visage lorsque tu le réalises.
Lorsqu’ils se rapprochent, tu sens presque sa présence. Les mots s’impriment dans ton esprit et ton esprit les offre à tes sensations. Sentant que le contact approche, ton excitation se fait plus grande. C’était au départ inconscient, mais tes doigts glissent sur ta peau. D’abord, tes cuisses dénudées sous ton shorty, puis sur ton ventre en te glissant sous ton t-shirt mal taillé pour tes délicates courbures. Tu ressens le besoin de matérialiser ce que cela provoque en toi. Tu as beau sentir sa proximité ligne après ligne, il n’est pas là et n’existe pas vraiment. Ce qu’il ne peut te faire, tu te le proposes.
Tu trépignes et gigotes. C’est bien ta volonté qui dirige ta main vers ta poitrine peu avant le premier baiser. Tu as joué avec la limite définie l’élastique de ton bas puis tu redessines ton ventre en direction du dessous d’un de tes seins. Ta main en appréhende toute sa rondeur à l’instant fatidique. Tu arpentes tout le haut de ton corps avec moins de légèreté qu’avant, au rythme de leurs baisers et de leurs tendresses emplies de désirs.
Tu fins par atteindre ton pubis mais tu te ravises un peu coupable. Il te parait étrange qu’une histoire te mette ainsi dans tous tes états. Tu voudrais l’homme à tes côtés. Qu’il te désire et que tu vives ce moment avec lui. Le sentir plutôt que l’imaginer.
En poursuivant la lecture et alors qu’ils se déshabillent, tu vois bien que tes doigts et tout ton corps le réclame. Tu te dis qu’après tout tu es seule dans ta chambre, tu en perçois nettement l’envie et qu’il t’arrive de la faire parfois sans ses histoires. Alors pourquoi ne pas se laisser aller et vivre cela à fond. Sans apriori et sans limites que l’on s’impose.
Tu reprends alors là où tu t’étais stoppée. Tes doigts retrouvent cette petite colline qui mène à ton intimité. Oscillant entre ton pubis et l’intérieur de tes cuisses, tu ne fais qu’effleurer par instant tes lèvres en prenant le temps comme eux, de laisser monter ta chaleur intérieure. Elle lui fait du bien et tu te vois faire de même. Tu es elle et elle est toi. Un pont se créé entre la fiction et le réel grâce à l’alchimie des mots dans le creuset de l’imaginaire.
Entre ta peau qui glisse sur ta peau et ta tête emplie de milles images, ton sexe s’est ouvert et s’offre, humide et avide. Tes doigts ne tiennent pas très longtemps avant d’aller au-devant des besoins de ton intimité.
Les idées imprègnent ton esprit et tu les retranscris du bout des doigts sur ton corps. Ils se calquent sur ce que te propose ta lecture. Sa langue qui glisse dans le sillon entre tes grandes et petites lèvres est devenue ton index. Sa main qui te saisit un sein est ta main.
Tu te sens vite restreinte par ta tenue et en un instant, tu t’es dévêtue. Ta tablette posée sur le lit, tu ne quittes ton corps que par instant pour faire défiler la suite.
Tu frôles ton clitoris comme le bout d’une langue, de bas en haut avec par instant une échappée dans une direction non maitrisée. Lorsqu’il insère un doigt en toi, tu uses de toute ta souplesse pour y parvenir aussi.
Tu n’es plus aussi assidue sur l’histoire et tu te laisses aller pour profiter de l’instant. La chaleur dans la chambre semble avoir radicalement augmentée. Tu te sens sauvage et n’es plus préoccupée que par la poursuite de ton propre plaisir.
Tu as bien fait de sortir ton jouet pour sentir sa pénétration maintenant le moment venu. Le sentir est presqu’une libération. L’histoire n’a plus d’importance à ce stade. Tu la vis et en écrit la suite avec tes pensées et les va-et-vient que tu fais en toi.
Il est là, il te prend ! Lui la projection de ton imaginaire à te faire l’amour comme tu en rêves.
Tu ne t’en rends même plus compte mais tu gémis de bonheur. Une chaleur se fait de plus en plus présente dans le creux de ton ventre. Tu varies légèrement les angles et chacun de tes muscles se tend un peu plus. Plus tu joues avec ton bouton, plus les sons saccadés que tu lâches se synchronisent avec tes mouvements. Tout converge vers ton cerveau, les sensations et les images s’y bousculent. A peine le temps de reprendre ton souffle entre chaque expiration sonore incontrôlée que tout remonte en toi. Le point de rupture se profile. Dans un élan orgasmique, tout se relâche entrecoupé des salves de tremblement de ta jouissance. Tu jouis comme jamais en t’étant caressée. Ton corps en bascule sur le côté. Et tu restes là quelques instants, le lapin toujours en toi, allongée nue avec l’esprit coquin de ce moment presque interdit.
Etrebil
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